Rendez-vous sur le très original tracé de la commune de Schleiz, le Schleizer Dreieck, pour cette sixième épreuve de la Yamaha R6-Dunlop-Cup. Ce circuit est en fait une route ouverte le restant de l’année et est aménagé temporairement l’espace d’un week-end.
Les champs de blé en bordure de piste, la forêt avoisinante, l’herbe verdoyante, les dénivelés importants ainsi qu’une épingle très serrée ne sont pas sans me rappeler les années passées en course de côte.
Dans cette région, les températures estivales se situent généralement sous les 10°C au levé du soleil. De plus, les années passées, nous avions droit à au moins une averse durant le week-end. Pourtant, cette année notre plus grand souci ne sera pas la pluie.
En effet, la météo est plutôt ensoleillée pour les journées du vendredi (essais libres) et du samedi (qualifications). Samedi matin, une fois le setting de l’an dernier peaufiné, je commence à prendre un bon rythme et décroche la seconde place derrière Lucy. L’après-midi, le temps devient chaud et surtout très lourd, les machines ainsi que les pilotes sont mis à rude épreuve. Toutefois, j’établis le meilleur temps de la séance, sans pouvoir améliorer la pôle de Lucy. Jusqu’ici, le week-end est plutôt positif puisqu’il s’agira de se battre pour la victoire durant la course du lendemain.
Premier rebondissement : de manière assez inattendue, je suis pris de brûlures d’estomac samedi soir vers 22h. Impossible de dormir, la douleur ne faisant qu’augmenter durant toute la nuit. Dimanche matin, je me lève en ayant dormi une à deux heures par tranches de 5 minutes. Les brûlures sont encore présentes et une sensation d’épuisement s’est également installée. Toutefois je reste optimiste, puisqu’en voyant la météo pluvieuse, je me dis qu’il sera plus simple pour moi de participer à la course dans ces conditions. Les épreuves sur le sec sont toujours plus physiques.
Le règlement de la Coupe nous accorde un warm-up de 5 minutes dans le cas où tout le week-end était sec et que la course se déroule sur piste mouillée. Durant ce warm-up, je m’aperçois que mon rythme me place dans la fourchette du top 5. Cependant, je manque vraiment de force et me dis qu’il sera sans doute compliqué d’être endurant. Une fois le départ donné, je franchis le premier virage en troisième position. C’est alors que le pilote Hollandais Koen Zeelen me double dans le second virage, puis chute juste devant moi au virage suivant. Malheureusement, je suis trop près pour l’éviter. Je m’élance vers la moto pour la relever mais m’aperçois immédiatement que son état met un terme à ma course. Lorsque mes concurrents chutent à leur tour, je garde espoir de pouvoir rester au contact au classement du championnat. En effet, nous sommes cinq pilotes des sept premières places du championnat à terminer au tapis. C’est finalement Lucy qui s’en sort le mieux puisqu’avec le drapeau rouge qu’elle provoque, elle récupère également les points de la troisième place du tour précédant sa chute. Je rétrograde donc à la troisième place du championnat à 20 points de Jesko et 4 points de Lucy.
Le meilleur pour la fin : après la course, la sensation d’épuisement s’accentue encore. Dans un premier temps, j’ai du mal à marcher ; ensuite à me lever ; et enfin, je ne peux même plus mettre mes chaussures moi-même. Sur le trajet du retour, je m’évanouis de douleur, ce qui pousse mes parents à m’emmener immédiatement à l’hôpital (je les en remercie !). Le diagnostic est clair : appendicite aiguë, donc opération en urgence. Je suis opéré lundi matin et quitte l’hôpital mercredi aux environs de midi. Actuellement, je récupère pour la prochaine course du Red-Bull-Ring qui aura lieu les 20 & 21 août prochains, tout en essayant de rattraper le temps passé à l’hôpital. La leçon du week-end aura été l’humilité, puisque l’on m’a fait remarquer plusieurs fois que, sans cette chute au premier tour, j’aurais dû produire plus d’efforts sur la moto et la crise aurait pu s’aggraver en pleine course. Les conséquences auraient donc pu être plus graves encore (péritonite combinée à une éventuelle blessure, …). Avec le recul, je me dis que le dénouement de cet épisode n’est finalement pas si mauvais.